« Chaque âme n’acquiert le mal qu’à son propre détriment et personne ne portera le fardeau d’autrui. » (Coran 6:164)

« Les parents ne seront pas mis à mort pour les crimes commis par leurs enfants, ni les enfants pour ceux de leurs parents: si quelqu’un doit être mis à mort, ce sera pour son propre péché. » (Deutéronome 24:16)

Il est clair que ces deux versets, l’un tiré du Coran et l’autre de la Bible, font allusion à la même chose : qu’un Dieu juste ne châtiera jamais quelqu’un pour les péchés commis par une autre personne.

Selon les chrétiens, Dieu aurait créé les hommes afin qu’ils vivent éternellement au Paradis; ils croient également que lorsque Adam a mangé le fruit de l’arbre interdit, Dieu l’a puni en le rendant mortel et en le bannissant du Paradis.  Ils affirment également que comme ses descendants ont hérité de ce caractère mortel, ils ont aussi hérité de son péché, qui a formé une tache permanente sur leur cœur, tache ne pouvant disparaître qu’à l’aide d’un sacrifice si grand qu’il obligerait Dieu à accorder Son pardon à toute l’humanité.  Évidemment, ce sacrifice auquel ils font allusion n’est nul autre que celui de Dieu Lui-même, incarné dans Son « fils » Jésus.  Par conséquent, le christianisme considère que toute l’humanité est condamnée à l’Enfer à cause du péché d’Adam, duquel elle ne peut se laver qu’en croyant que Dieu s’est incarné et est mort pour ce péché, croyance symbolisée par le baptême, par lequel les chrétiens « naissent à nouveau », mais immaculés.

Donc la théorie du « péché originel » forme la base de différentes croyances chrétiennes, de la crucifixion de Jésus, le « sauveur », au concept du salut.  Elle est la raison d’être, selon les chrétiens, de la mission même de Jésus sur terre.

Des questions surgissent, inévitablement : l’humanité porte-t-elle le fardeau du péché qu’a commis Adam en mangeant le fruit de l’arbre interdit?  Devons-nous tous nous repentir de ce péché?  Si oui, de quelle façon?  Et qu’adviendra-t-il de ceux qui ne s’en seront jamais repentis?

Selon l’islam, le châtiment pour un péché ne peut toucher que celui ou celle qui a commis ce péché.  Le péché n’est pas un trait héréditaire ou une « tache » dont la descendance d’une personne hérite.  Chaque personne devra rendre des comptes sur ce qu’elle aura fait au cours de sa vie.  Même si le Coran mentionne le péché d’Adam et relate qu’il a été banni du Paradis à cause de cela, il n’en fait porter le fardeau à personne d’autre.  Aucun des prophètes envoyés avant Jésus n’a prêché ce genre d’idées, et aucun rituel ou croyance n’a jamais été fondé sur ce concept.  Tous les prophètes, y compris Mohammed, ont prêché que pour être sauvé du feu de l’Enfer et pour avoir accès au Paradis, il faut croire en un Dieu unique et obéir à Ses commandements.

Le Pardonneur, le Miséricordieux

Pour ce qui est d’Adam, le Coran nous apprend qu’il s’est repenti de son péché.  Dieu lui a révélé les paroles qu’il devait prononcer pour demander pardon, puis Il a accepté son repentir.

« Puis Adam reçut (en révélation) des paroles [de pardon] de son Seigneur et Dieu accepta son repentir.  Certes, c’est Lui le Pardonneur, le Miséricordieux. » (Coran 2:37)

Comme Dieu a accepté le repentir d’Adam, Adam a été purifié du péché qu’il avait commis.  À maintes reprises, dans le Coran, Dieu se décrit comme Pardonneur et Miséricordieux.  Parmi Ses noms, on retrouve le Pardonneur, le Très Miséricordieux, Celui qui accepte le repentir, et d’autres encore qui soulignent Sa grande miséricorde, qui englobe tout.  Même à ceux qui ont commis de nombreux péchés et qui pourraient perdre espoir de jamais recevoir le pardon de Dieu, Il dit :

« Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment!  Ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car Il pardonne tous les péchés.  Certes, c’est Lui le Pardonneur, le Miséricordieux. » (Coran 39:53)

Si une personne commet un péché, ce qu’elle doit faire c’est se repentir sincèrement et elle trouvera toujours Dieu miséricordieux.  Adam a péché et son péché a bel et bien entaché son cœur; mais son repentir a fait disparaître cette tache.  Le prophète Mohammed a dit :

« Si le croyant vient à commettre un péché, une tache noire vient se placer sur son cœur. S’il se repent, cesse de désobéir et implore le pardon d’Allah, la tache disparaît de son cœur.  Et s’il persiste dans son péché, elle augmente de volume jusqu’à ce qu’elle couvre totalement son cœur. » (Ibn Maajah)

Même si Adam ne s’était pas repenti, la tache sur son cœur ne se serait certainement pas transmise à ses descendants.  Ainsi, il est clair que Dieu n’a guère besoin de quelque sacrifice physique que ce soit pour pardonner les péchés, et qu’aucun péché n’est trop grand pour Sa miséricorde.  Affirmer le contraire équivaudrait à mettre en doute Son excellence et Sa perfection.  Le prophète Mohammed rapporte que Dieu a dit :

« Ô, fils d’Adam !  Tant que tu M’invoques et places en Moi ton espoir, Je te pardonne quoique tu aies fait, et Je ne m’en soucie pas.  Ô fils d’Adam !  Si tes péchés atteignaient les nuages des cieux, et qu’ensuite tu sollicitais Mon pardon, Je te l’accorderais.  Ô fils d’Adam !  Si tu te présentes devant Moi avec autant de péchés que peut en contenir la Terre et qu’ensuite tu Me rencontres sans rien M’associer dans ton adoration, Je t’apporterai un pardon équivalent. » (Al-Tirmidhi)

Au sujet du sacrifice, Dieu dit, dans le Coran, que c’est l’intention derrière le sacrifice qui compte et non le sacrifice comme tel :

« Ni leur chair ni leur sang ne parviennent à Dieu; seule votre piété Lui parvient. » (Coran 22:37)

Nous comprenons, par ce verset, que l’idée du péché originel et du concept de Dieu s’incarnant pour Se sacrifier Lui-même afin de pardonner les péchés de l’humanité ne tient pas la route parce que de toute façon, même s’Il n’avait pas, à l’origine, demandé à Adam de se repentir, Dieu, de par Sa grande miséricorde, pardonnerait de toute façon les péchés.

Il est également dit, dans la Bible :

« Qu’ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices ?  dit l’Eternel.  Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs.  Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis?  Cessez d’apporter de vaines offrandes : J’ai en horreur l’encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s’associer aux solennités.  Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes; elles me sont à charge; Je suis las de les supporter.  Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux; quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas: vos mains sont pleines de sang.  Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions; cessez de faire le mal.  Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez  l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve.  Venez et plaidons! dit l’Eternel.  Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. »[1]

FOOTNOTES:

  1. Ésaïe 1:11-18