Certains rejettent mettent en doute cet argument en affirmant que si nous devions appliquer ce principe aux pyramides d’Égypte, il serait absurde de dire qu’elles furent construites par une seule personne. Mais c’est là une mauvaise application du principe. L’explication selon laquelle les pyramides furent construite par une seule personne n’est pas la plus simple ni la plus exhaustive, car elle soulève plus de questions qu’elle n’en résout. Comment un seul homme aurait-il pu construire, seul, les pyramides? Il est beaucoup plus logique et raisonnable d’avancer qu’elles furent construites par plusieurs hommes. Maintenant, quelqu’un pourrait dire que notre univers est si complexe qu’il est absurde de postuler qu’il fut créé par un seul être. Mais un seul être tout-puissant créant tout l’univers et une explication beaucoup plus simple et cohérente qu’une explication impliquant des causes multiples. Certains iront plus loin et affirmeront que les pyramides aussi auraient pu être construites par un seul être tout-puissant. Mais rien, sur cette terre, ne correspond à un être tout-puissant et comme la source de ces pyramides est clairement terrestre, elles ne peuvent avoir été construites que par des êtres terrestres.
Une des questions qu’on nous posa le plus souvent lors du Islamic Awareness Tour (Tournée d’ouverture à l’islam) fut : « Si Dieu existe, quelles raisons avons-nous de croire qu’Il est unique? ». Cette question est importante car elle touche un concept fondamental de la théologie islamique, à savoir l’unicité de Dieu. L’unicité de Dieu (tawhid, en arabe) est un thème central, dans le Coran, et constitue le fondement du message de tous les prophètes envoyés par Dieu. Le Coran décrit la nature de Dieu et Son unicité de manière éloquente dans la 112e sourate :
« Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes, le Souverain des hommes, Dieu des hommes, contre le mal du tentateur qui murmure et qui s’esquive, qui suggère le mal dans le cœur des hommes, qu’il soit djinn ou être humain. »
Avant que je ne commence à répondre à cette question, j’aimerais souligner que le concept d’unicité, en islam, n’est pas limité à l’unicité de Dieu et à Sa singularité. Ce concept revêt plusieurs aspects qui incluent la façon dont l’être humain adore Dieu, la façon dont il comprend et conçoit Sa souveraineté, ainsi que Ses noms et attributs. Et cela ne s’arrête pas là, car ces idées transforment toute la vision du monde d’un individu, tel que l’a écrit, un jour, un penseur du sous-continent :
« Un croyant… ne peut jamais concevoir les choses de façon étroite. Il croit en un Dieu qui est le Créateur des cieux et de la terre, qui est Maître de l’Orient et de l’Occident et qui administre l’univers tout entier. À partir de cette croyance, il ne peut plus considérer quoi que ce soit, dans le monde, comme étranger à lui. Il voit tout ce que contient l’univers comme appartenant au même Seigneur auquel il appartient lui-même. Sa sympathie, son amour et son aide ne sont plus confinés à une sphère ou un groupe particuliers. Sa vision devient vaste, ses horizons intellectuels s’élargissent et sa perception du monde devient aussi libérale et aussi illimitée que le Royaume de Dieu. Comment une telle largeur d’esprit pourrait-elle être atteinte par un athée, un polythéiste ou une personne qui croit en une déité à laquelle elle attribue des pouvoirs limités et déficients semblables à ceux d’un homme? »
À la lumière de tout cela, on peut répondre à la question sur la singularité et l’unicité de Dieu de diverses manières, qui vont de l’argument théologique à l’argument philosophique. Voici les 5 arguments qui vous seront présentés :
1. Le rasoir d’Ockham
2. L’argument logique
3. La différenciation conceptuelle
4. La singularité
5. La révélation
Le rasoir d’Ockham
Le Coran pose la question de manière rhétorique : « L’univers est-il apparu de lui-même? ». La réponse semble évidente à cause de la logique métaphysique selon laquelle tout ce qui existe a nécessairement une cause et comme l’univers existe, il doit avoir une cause. Il serait irrationnel de suggérer plus d’une cause à l’existence de l’univers, car une régression infinie de causes est non seulement improbable, mais impossible, car cette infinité serait absurde dans le réel. Considérez ces deux exemples :
1. Il y a un nombre infini de personnes dans une pièce. Si deux personnes quittent la pièce, combien en reste-t-il? La réponse est : infini moins deux. Mais cette réponse est-elle censée? Non, car dans le monde réel, ce nombre infini vous empêche de compter le nombre de personnes dans la pièce. C’est pourquoi les mathématiciens Kasman et Newman ont affirmé : « L’infini n’existe pas, du moins dans le même sens où l’on dit : « Il y a des poissons dans l’océan ».
2. Imaginez que je sois un soldat et que je vois l’ennemi devant moi. Pour le tirer, je dois demander la permission au soldat derrière moi, mais celui-ci doit également demander la permission au soldat derrière lui et ainsi de suite, à l’infini. Pourrai-je jamais tirer sur l’ennemi? La réponse est évidente. De la même façon, une régression infinie de causes à l’existence de l’univers ferait en sorte qu’il n’y aurait, en premier lieu, pas d’univers du tout.
Ainsi, la conclusion voulant que l’univers ait une cause indépendante et non-causée est plausible, mais on peut encore suggérer une pluralité de causes survenant toutes au même moment. Mais s’agit-il d’un argument solide? Pas vraiment, si l’on considère le principe de raisonnement appelé le rasoir d’Ockham, attribué au philosophe franciscain Guillaume d’Ockham (14e siècle). Selon ce principe, les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité. Autrement dit, les hypothèses suffisantes les plus simples sont les plus vraisemblables.
Cela signifie qu’en l’absence de preuves ou lorsque l’on n’a pas besoin de trouver des causes multiples pour expliquer une chose, nous devons nous en tenir à l’explication la plus simple. Dans le cas qui nous intéresse, nous n’avons aucune preuve pour avancer que la cause de l’univers est en fait une combinaison de deux, de trois ou d’une multitude de causes et c’est pourquoi l’explication la plus simple et la plus exhaustive est que la cause est unique. Postuler une pluralité de causes n’ajoute rien à la portée de l’argument ni à son poids. Par exemple, dire qu’une seule cause toute-puissante est à la source de l’univers est aussi exhaustif que d’affirmer que deux causes toutes-puissantes sont à la source de l’univers. Car une cause toute-puissante est suffisante, justement parce qu’elle est toute-puissante.